Claude Nougaro flambant 9

Du cosmodrome du Capitole
Montent les yeux sans voix
Vers un rideau qui les survole
Tous ont l'au-delà à la bouche
Déjà, les nougats romanichels
Claudiquent d'impatience
Trois coups brisent le silence
« Il n'est de bois vert qui ne s'allume »
Dit à la nuit venue, la lune...

Je sais une étoile aînée
Qu'on reconnait à l'éblouissement
De son chant magnétique
Ses chorus éclaboussent
De poudre d'escampette
Les anges haletants
Essoufflés à ses trousses
Pigeonnés sous le charme
D'un instant extatique

Envoûtés puis conscients 
D'y avoir laissé des plumes
Ils retroussent leurs babines
Chargent leurs escopettes
D'éclats de météorite
Promettent à l'astre, le désastre
L'embuscade céleste
La souricière funeste
A la faveur du périastre
 
En remontant jusqu'à la source
Le pacte est signé sans vergogne
L'aile levée à la grande Ourse
Clic-Clac ! Tchin-tchin ! Floc de Gascogne
Ils font sarments de le bien cuire
Jurent de faire mordre sur l'heure
La poussière interstellaire
A ce cosmique troupier
Ce Thalie's man des lettres

Mais non contente d'être filante
L'étoile a plus d'une horde
A son arc de triomphe
Elle se délecte de savoir
Qu'on jazze dans son Do
Le soir, avec des SI
Qu'importe le SOLstice
Elle n'est pas et FA RE
Par ses haines MI

Point d'homélie dans l'ode LA
Quand y'en a plume, y'en a encore
Les cris vains n'existent pas
L'écho nomme, nonobstant
L'inertie en suspens
L'amour boum harangue
Le tympan des belligérants
Les armes se changent
En applaudissements

Je sais une étoile aimée
Qui monte, monte... et montre aussi
De quel hautbois elle se chauffe
La Nougalaxie souffle les bougies
De son neuvième universaire
Sur la voix actée de sa peau hési-
Te le trait d'un crayon alpha
Qui jute l'encre de lumière
Dans le doux nid de la mésosphère

Vénus lui fait les cieux doux
En secret, elle se pâme, se grise
Tendrement s'amourache
Du ténor du sud qui scande Venise
Dans un frisson de barcarolle
Elle chavire de l'ennui au diurne
Lui, se frise les moustaches
Rêvant de lui passer au doigt
L'anneau de Saturne

La mort est bien fête pour les poètes
Finir ainsi... les pieds devant
Sur la plage blanche over the Rimbaud
En contemplant les bateaux vivre
Prêcher l'horizon à la ligne
Un vers au bout de l'âme-son
En demandant : « quel leurre est île ? »
Glisser sur l'onde pour faire le cygne
De ralliement des jours donneurs.

Aldo Campo © mars 2013

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